- thèse
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• 1579; lat. rhét. thesis, mot gr., proprt « action de poser »1 ♦ Proposition ou théorie particulière qu'on tient pour vraie et qu'on s'engage à défendre par des arguments. Avancer, soutenir, défendre une thèse. Réfuter la thèse adverse. À l'appui de cette thèse. Thèses économiques, philosophiques. ⇒ doctrine, opinion. — Littér. Pièce, roman à thèse, qui illustre une thèse (philosophique, morale, politique, etc.) que l'auteur propose au public. « Toute cette littérature est à thèse puisque ces auteurs, bien qu'ils protestent avec virulence du contraire, défendent tous des idéologies » (Sartre).2 ♦ (1680) Anciennt Proposition ou série de propositions que le candidat à un grade de bachelier, de licencié, de docteur, etc., s'engageait à soutenir. « La thèse pour son baccalauréat » (A. Gide). — (depuis le XIXe) Ouvrage présenté pour l'obtention du doctorat. Préparer, soutenir une thèse de doctorat (⇒fam. thésard) . Soutenance de thèse. — Par ext. La thèse imprimée. Envoyer sa thèse à un collègue.3 ♦ (1904) Philos. (Hegel) Premier moment de la démarche dialectique auquel s'oppose l'antithèse, jusqu'à ce que ces contraires soient conciliés par la synthèse.♢ Simple position par la pensée de quelque réalité ou vérité, qui n'implique pas une affirmation, dans la phénoménologie.⊗ CONTR. Antithèse.Synonymes :- allégation- système- théoriethèsen. f.d1./d Proposition ou opinion qu'on s'attache à soutenir, à défendre.— Roman à thèse, dans lequel l'auteur tente d'illustrer la vérité d'une thèse philosophique, politique, etc.d2./d Ouvrage présenté devant un jury universitaire pour l'obtention d'un titre de doctorat (thèse d'état, de troisième cycle). Soutenir une thèse.— Par ext. Cet ouvrage imprimé.d3./d PHILO Chez Hegel, premier terme d'un raisonnement dialectique (par oppos. à l' antithèse et à la synthèse).⇒THÈSE, subst. fém.A. — 1. Proposition ou théorie que l'on tient pour vraie et que l'on soutient par une argumentation pour la défendre contre d'éventuelles objections. Avancer, appuyer, confirmer, contredire, défendre, infirmer, réfuter, renverser, soutenir une thèse; à l'appui d'une thèse; thèse militaire, historique; thèse idéaliste, marxiste, matérialiste; exposé des thèses en présence; thèses contraires; thèse essentielle, fondamentale. La thèse philosophique indémontrée a pris un faux air d'assurance scientifique en passant par la science, mais elle reste philosophie, et elle est plus loin que jamais d'être démontrée (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 290):• Il a vu, en quelques dizaines d'années, régner successivement, et même simultanément, des thèses contradictoires également fécondes, des doctrines et des méthodes dont les principes et les exigences théoriques s'opposaient et s'annulaient, tandis que leurs résultats positifs s'ajoutaient en tant que pouvoirs acquis.VALÉRY, Variété III, 1936, p. 164.♦ Loc. adj. À thèse. Qui est composé en vue d'illustrer et de défendre une idée philosophique, morale, politique. Film à thèse; littérature à thèse. Nous sommes ici bien loin du roman à thèse que pratiquait George Sand, car une thèse soutenue nuit à l'exactitude des constatations (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 161). J'aurais pu faire sur ce sujet [le problème de la repopulation] qui n'a jamais été traité une pièce selon le ton sarcastico-mélodramatique qu'ont mis à la mode les faiseurs de « pièces à thèse » (APOLL., Tirésias, 1918, préf., p. 866).♦ Loc. adv., vx. En thèse générale. En règle générale. On peut établir en thèse générale, que les exercices forts et longtems continués, diminuent la sensibilité du système nerveux (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 100).♦ Loc. verb. fig., vieilli. Changer la thèse. Modifier la question, l'état des choses; donner un autre aspect à une situation. Ce que vous me dites change bien la thèse (Ac. 1835-1935). Une donation de cinq cent mille francs... ça change la thèse (LABICHE, Point de mire, 1864, IV, 11, p. 509).— En partic. Point de doctrine, opinion d'une personne (savant, philosophe, écrivain, homme politique) sur une question précise. Synon. position. On pourrait remplir des pages entières avec l'exposé sommaire des thèses contradictoires, cocasses et charlatanesques qui forment le fond des harangues de nos grands hommes (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 171). Pour l'Europe, M. Churchill a paru se rallier totalement aux thèses américaines, en particulier en ce qui concerne le réarmement de l'Allemagne (L'Humanité, 19 janv. 1952, p. 3, col. 2).2. PHILOSOPHIEa) [P. réf. à Kant, p. oppos. à antithèse] ,,Première assertion d'une antinomie`` (MORF. Philos. 1980).b) [P. réf. à Hegel et à Fichte; chez Hamelin, p. oppos. à antithèse et synthèse] ,,Premier terme d'un système formé par trois concepts, ou trois propositions dont les deux premiers s'opposent l'un à l'autre, et dont le dernier lève cette opposition par l'établissement d'un point de vue supérieur`` (LAL. 1968). Le mot « thèse » représente une forme spéciale d'affirmation discursive ou logique, soit comme premier moment (...), soit comme type d'affirmation de nature dialectique (Marxisme 1982).c) PHÉNOMÉNOL. Action de poser par la pensée, sans que cette position implique nécessairement l'affirmation d'une vérité ou d'une réalité (d'apr. FOULQ. ST-JEAN 1969).B. — 1. HIST. DE L'ÉDUC. Proposition ou série de propositions que le candidat à un grade de bachelier, de licencié, de docteur s'engageait à soutenir publiquement dans une université. La Sorbonnique était une thèse solennelle, durant une journée entière, au cours de laquelle tous les docteurs de la faculté pouvaient attaquer le récipiendaire sur sa doctrine (MARION Instit. 1923).— P. méton. Grande feuille de papier ou de parchemin souvent richement décorée où étaient écrites ces propositions. Pour rendre ces thèses plus dignes d'être offertes, on les décorait d'images exécutées avec un soin spécial, et quelques unes étaient ornées de gravures de tout premier mérite (HAVARD 1890).2. [P. oppos. à mémoire2]a) Travail présenté sous forme d'ouvrage exposant une recherche scientifique originale et ses résultats dans un établissement d'enseignement supérieur habilité, soumis à soutenance publique devant un jury pour l'obtention du grade de docteur. Thèse principale, complémentaire; préparer, publier sa thèse; présider une thèse; titre d'une thèse; soutenance, sujet de thèse; thèse (de doctorat) de/en droit, sciences politiques, géographie, histoire, lettres, médecine; thèse de doctorat ès lettres, ès sciences, ès sciences économiques. Faites-lui faire son Droit, je paierai les inscriptions et les frais de thèse (BALZAC, Début vie, 1842, p. 431). Une fois sa thèse pour le doctorat juridique soutenue, il avait annoncé son dessein d'en commencer une seconde, d'économie politique (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 429). V. doctorat A ex. de Mallarmé, de Civilis. écr. et passer1 1re Section I C 2
ex. de Balzac.
♦ Thèse de troisième cycle, thèse d'État. Si la thèse de troisième cycle est surtout appréciée en fonction de ses qualités méthodologiques, la thèse d'État doit constituer un apport plus général et plus synthétique à la connaissance (Éduc. 1979).♦ Thèse inaugurale. V. inaugural A ex. de Hist. gén. sc.b) P. méton. Livre imprimé où figure ce travail. Il m'a envoyé sa thèse (Ac.).Prononc. et Orth. : []. MARTINET-WALTER 1973 distingue entre durée longue et surlongue (11, 6). Ac. 1694, 1718: these; dep. 1740: thèse. Homon. formes de taire: taise, -s, -nt. Étymol. et Hist. 1. a) 1579 « proposition théorique qu'on avance avec l'intention de la défendre contre les objections éventuelles » (P. DE COSTAL, Disc. philos., p. 58 ds GDF. Compl.); 1807 en thèse générale (DESTUTT DE TR., Comment. sur Espr. des lois, p. 307); b) 1885 pièce, roman à thèse (BOURGET, loc. cit.); 2. a) 1602 « proposition ou ensemble de propositions que le candidat à un grade de bachelier, etc., s'engage à soutenir » (PEIRESC, Lettres, éd. Tamizey de Larroque, t. 6, p. 16); 1835 « ensemble de travaux présentés, sous forme d'ouvrage, en vue de l'obtention du grade de docteur » (Ac.); b) 1643 « grande feuille (de papier, de parchemin), souvent richement décorée, où sont imprimées les propositions d'une thèse » (NAUDÉ, Advis pour dresser une bibliothèque, p. 96); c) 1680 « exposé public et discussion d'un ensemble de travaux devant un jury universitaire » (RICH.); 3. 1904 philos. (Nouv. Lar. ill.); 4. 1968 log. « théorème » (Lar. encyclop. Suppl.). Empr. au lat. thesis « sujet, proposition, thème », gr.
« action de poser, de placer; convention; (en philos.) action de poser une thèse, proposition ». Fréq. abs. littér.:1 365. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 672, b) 1 301; XXe s.: a) 2 268, b) 3 169.
DÉR. Thésard, -arde, subst., fam. Personne qui prépare une thèse de doctorat. Un directeur de recherches a un certain pouvoir sur ses thésards, mais ceux-ci ont aussi la possibilité de le quitter pour un autre (La Nef, juin 1970 ds GILB. 1980). — [], fém. [-
]. — 1re attest. 1965 (Le Nouvel Observateur, 14 janv., p. 13, col. 3 ds QUEM. DDL t. 40); de thèse, suff. -ard.
thèse [tɛz] n. f.ÉTYM. 1579; lat. rhét. thesis, grec thesis « action de poser » (tithenai).❖1 Proposition ou théorie particulière qu'on tient pour vraie et qu'on s'engage à défendre par des arguments (→ Controverse, cit. 1). || Avancer, soutenir, défendre une thèse(→ Génération, cit. 6). || Contredire, réfuter, renverser la thèse adverse (→ Connaître, cit. 12; réticence, cit. 4). || Prendre le contre-pied de la thèse traditionnelle. || Thèses qui s'affrontent (cit. 8). || Appuyer une thèse (→ Parallélisme, cit. 3). || À l'appui de cette thèse (→ Artisanat, cit. 3). || L'observation (cit. 12) scientifique confirme ou infirme une thèse antérieure. || Thèses économiques (→ Industrialisme, cit.; population, cit. 4; profit, cit. 10), philosophiques, historiques, militaires… ⇒ Doctrine, opinion (→ Percer, cit. 18).♦ Littér. || À thèse. || Pièce, roman à thèse, qui illustre une thèse (philosophique, morale, politique, etc.) que l'auteur propose au public (→ Programme, cit. 4). || La thèse morte, le talent reste (→ Généralité, cit. 3).1 Toute cette littérature est à thèse puisque ces auteurs, bien qu'ils protestent avec virulence du contraire, défendent tous des idéologies.Sartre, Situations II, p. 238.1.1 Une œuvre à thèse non seulement ne montre rien mais elle ne démontre jamais que des fadaises.S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 560.♦ ☑ Loc. (Mil. XIXe) En thèse générale : en règle générale.2 a (Mil. XVIIe). Anciennt. Proposition ou série de propositions que le candidat à un grade de bachelier (cit. 2), de licencié, de docteur, etc., s'engageait à soutenir (→ Apparat, cit. 1). || Thèse sorbonique.b (XIXe). Mod. Ouvrage présenté pour l'obtention du doctorat (opposé à mémoire). — REM. En France, cet ouvrage (thèse principale) comportait nécessairement un complément (thèse complémentaire ou petite thèse) naguère rédigé en latin. — Anciennt. || Thèse d'État, du doctorat d'État. || Thèse d'université, du doctorat d'université. || Thèse de troisième cycle : thèse assez courte préparée en 2 ou 3 ans après la licence d'enseignement et la maîtrise. Syn. : thèse de recherche. — Publier sa thèse. || Préparer, soutenir une thèse de doctorat (→ Brillant, cit. 23; passer, cit. 94).c Anciennt. Grande feuille (de papier, de parchemin…) souvent richement décorée où étaient imprimées ces propositions (→ Molière, le Malade imaginaire, II, 6).♦ Mod. Livre imprimé. || Envoyer sa thèse à un collègue.2 L'époque approchait cependant où il fallait imprimer la thèse. Elle fut achevée à la hâte et n'en valut pas moins pour cela. Frédéric fut reçu avocat; il adressa à Besançon plusieurs exemplaires de sa dissertation accompagnés de son diplôme.A. de Musset, Nouvelles, « Frédéric et Bernerette », II.3 — Voici : je crains que le sujet de sa thèse (…) ne soit un peu spécial. — Quelle thèse ? fis-je, légèrement inquiet. — La thèse pour son baccalauréat.Gide, Isabelle, III.b (Dans la tradition interprétative de Hegel par Fichte; chez Hamelin). Premier moment de la démarche dite dialectique. → Antithèse, synthèse.4 Nous n'avons guère insisté, dans l'analyse qui précède, sur les thèmes qui ont constitué l'essentiel de l'interprétation de l'hégélianisme en France depuis un demi-siècle : la dialectique du désir et de la reconnaissance, celle du travail et de la liberté (qui ont nourri l'humanisme christiano-marxiste) ou la méthode « thèse-antithèse-synthèse » (qui sert de schéma aux mauvaises dissertations). Si nous les avons négligés, c'est qu'à la lecture, nous avons jugé qu'ils ne correspondent ni à l'exposition manifeste ni à une signification cachée des textes. Le système de Hegel n'est pas une anthropologie; c'est une logique.F. Châtelet, Hegel, p. 178.c Dans la phénoménologie, Position par la pensée (d'un objet), n'impliquant pas une réalité ou une vérité.❖CONTR. Antithèse.DÉR. Thésard. — (Du même rad.) Thétique.COMP. (Du grec) V. Antithèse, hypothèse, synthèse.
Encyclopédie Universelle. 2012.